Guerre Israël-Hamas : Lama Jamous, 9 ans, la voix des enfants de Gaza (2024)

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Vidéo La petite fille, qui se présente comme la plus jeune journaliste de l’enclave palestinienne, documente le conflit sur les réseaux sociaux depuis Rafah, où elle est réfugiée avec sa famille. Une couverture de la guerre à hauteur d’enfant que suivent au jour le jour ses 900000abonnés.

La phrase d’accroche est la même que celle prononcéepar beaucoup d’autres youtubeurs: «Bonjour tout le monde, comment ça va?» Sauf que Lama Jamous n’est pas dans sa chambre mais bien sur un terrain de guerre. A 9ans, elle couvre le conflit à Gaza depuis plusieurs mois. De courts montages postés sur Instagram et TikTok, qui lui valent d’être suivie par près de 900000personnes.

Face caméra, équipée d’un petit micro, la petite fille raconte dans ses vidéos, dont plusieurs dépassent le million de vues, le quotidien des Gazaouis confrontés aux bombardements israéliens et à une crise humanitaire inédite. Avec une mission: celle de porter la voix des enfants de l’enclave palestinienne.

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«C’est important pour moi de montrer au monde les souffrances des enfants. Ils sont sous-alimentés, déshydratés, sans cesse déplacés… Au lieu d’aller à l’école, ils travaillent pour aider leur famille à obtenir des rations alimentaires ou de l’eau potable», raconte-t-elle à «l’Obs».

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Des enfants qui tirent des litres d’eau sur un chariot fait de bric et de broc, d’autres qui portent du bois jusqu’à leur camp pour alimenter le feu, seule source de chaleur à la nuit tombée, de jeunes adolescents blessés à l’hôpital… Dans tous ses reportages, la petite fille va inlassablement à la rencontre des plus jeunes et donne à voir leurs difficultés quotidiennes.

Les rêves brisés des enfants

Avec ses mots d’enfant, elle raconte l’histoire de ce petit garçon réfugié près de la frontière égyptienne, qu’on voit tenter d’empiler de la boue sur les côtés de la tente familiale pour empêcher l’air froid de s’infiltrer. «Il pleut, il fait très froid, nous n’avons pas de couverture. Notre tente part en lambeaux», lui explique-t-il.

Elle se rend à l’hôpital interroger des blessés, écoute ce préado en béquilles retracer «le pire jour sa vie» quand une explosion lui a brisé le fémur et le genou: «Je dois être évacué de l’enclave pour subir une opération. Ma plus grande peur désormais, c’est de laisser ma famille derrière moi à Gaza, sous les bombes.» Au micro de la petite journaliste, il confie ses rêves brisés: «Avant, je voulais devenir président. Maintenant, mon rêve, c’est juste de pouvoir remarcher.»

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Faire de brillantes études, construire une carrière qui leur permet de s’émanciper… Leurs espoirs pour l’avenir, de nombreux enfants interrogés par Lama en parlent désormais au passé. Sur sa page, les témoignages se suivent et se ressemblent. Leurs rêves d’avant balayés par une guerre qui s’enlise, beaucoup n’ont plus qu’un objectif: vivre en sécurité dans un pays en paix.

Coupures internet et déplacements à pied

Pour porter leur message, Lama multiplie les collaborations avec des médias arabes, comme Al-Jazeera par exemple. Elle a appris à filmer grâce à son oncle, lui-même reporter. Son principal défi? Les coupures internet qui l’empêchent régulièrement de poster des vidéos.

Un sujet sur lequel elle a d’ailleurs réalisé un reportage en haut des collines de Gaza, où les déplacés se rendent régulièrement pour tenter d’avoir du réseau. Des lieux à découvert qui les exposent davantage à de potentiels bombardements, explique-t-elle. Pour l’aider à capter le signal, Lama peut compter sur son père, ingénieur en télécommunications.

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Autre difficulté: se déplacer pour réaliser des reportages. «Il n’y a plus de voiture ici. On doit prendre des espèces de charrettes, si on veut bien nous laisser monter. Sinon, il faut se déplacer à pied.»

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Lama, qui habitait à Gaza City, s’est d’abord réfugiée avec sa famille à Khan Younès, dans le sud de l’enclave. «Je ne peux pas rentrer chez moi, la route est coupée. Et je suis sans nouvelle de mes amis de Gaza City», affirme-t-elle. La famille s’est ensuite déplacée à Rafah, ville située à la frontière avec l’Egypte, où Lama réalise désormais ses reportages.

Rafah sous la menace

Au marché de la Rafah, elle raconte comment les prix des denrées destinées aux nouveau-nés ont explosé. «Je viens d’acheter ce paquet de couches à un prix dix fois supérieur à celui qui était pratiqué avant la guerre. J’ai deux bébés, il faut que j’en rachète tous les trois jours. Que puis-je faire?», se livre, désespéré, un père de famille à son micro.

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Rafah est aussi menacée par un assaut terrestre des troupes israéliennes. «Tous les matins, je me réveille au son des sirènes. Je n’ai pas dormi de la nuit à cause des bombardements. J’ai peur», confie-t-elle. Dans sa voix, la tristesse cède parfois la place à la colère et au désespoir:

«Les Israéliens nous ont dit que Rafah était sécurisé, ils nous ont menti. La nuit dernière, il y a encore eu des bombardements. Je filme le quotidien des enfants de Gaza pour que le monde voit leurs souffrances et que la guerre s’arrête. Mais, pour l’instant, le monde regarde nos souffrances sans bouger.»

Mais, très vite, c’est l’inquiétude qui reprend le dessus. Avec une préoccupation, dont l’urgence balaye le reste: «Où va-t-on aller lorsque les Israéliens entreront à Rafah?»

Par Mahaut Landaz

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